lundi 18 août 2014

Papier dédié à mes amis hommes qui se plaignent que je ne pense pas suffisament à eux...Merci Vanity Fair pour toutes ces bonnes adresses

Où se faire raser

à Paris et ailleurs ?

Pris au sens figuré ? Partout. Avec tout le monde. C’est comme ça, c’est l’époque, la faute à Facebouc, mal rasé. Au sens propre – savon-serviette chaude-sent bon, ce sera face à beaucoup d’appelés, et peu d’élus. C’est en effet sur le fil du rasoir et les doigts d’une demi-main qu’on recense aujourd’hui les meilleurs vrais barbiers en ville. Un métier hier battu en brèche, pilonné par le rasoir de sûreté et la triple lame post-jetable bardée d’aloe vera à 120 euros la barrette de douze, oblitéré par une profession peu amène vis-à-vis du coupe-chou, et remis très officiellement sur le bassin par Alain Backman, le célèbre maître-barbier parisien, officiant à deux poils du boulevard Beaumarchais, ce qui place toujours son homme. Barbier. Séville. On y pense chaque matin en se rasant.
Figaro-ci, Figaro-là. La pièce dudit Beaumarchais comportait une sorte de sous-titre : la précaution inutile. Pile poil raccord avec notre souci du jour. Car si l’homme moderne n’a jamais autant porté la barbe que depuis l’Antiquité, il se trouve fort dépourvu dès lors qu’il doit la faire tailler, (re)dessiner, entretenir, s’il n’a pas appris à le faire lui-même. Oui, la barbe est en vogue. Même le Figaro s’en est rendu compte. C’est dire l’impact du phénomène. Du coup, les néo-barbiers poussent comme des champignons. Et comme les champignons, il en est des comestibles et des vénéneux. En gros, les impétrants, plus imposteurs qu’à leur tour, ont hésité entre le burger et la barbe genre métier du jour hipsterisé, avec aussi peu de compétence pour l’un que pour l’autre.
Ne pas compter ici sur la presse pour faire le tri ou les tester : la totalité des articles, forcément laudateurs, sont écrits par des femmes qu’on ne savait pas à barbe. Quoi que... Non, mais, qu’est-ce qu’elles y connaissent diraient les Bedos père & fils ? Est-ce que je vais moi tester les instituts d’épilation brésilienne ou les emplâtres d’enzymes rajeunissants du décolleté ? Je vous demande... Bref, mon conseil est ici d’éviter certains établissements peu recommandables d’où l’on sort la lèvre en sang, la barbe décalée d’un bon centimètre d’une joue à l’autre ou le cou en feu parce qu’on a utilisé de l’eau froide tamponnée au kleenex en guise de crème de rasage. Véridique, je n’invente rien. Des noms ? La Barbière de Paris, obsédée par son image dans le miroir et obnubilée par l’épilation des pommettes. Si on refuse, barbière pas contente. Et tzac!, une lèvre coupée. Dire qu’elle va ouvrir un second salon. On en frise de frayeur. Ou encore les Mauvais Garçons au Bon Marché. Pas le compas dans l’oeil les gars...
Coupons court. Par bonheur, il existe des vrais barbiers, dignes de ce nom. Et comme par hasard, presque tous “formés” par notre Alain national. Des hommes et des femmes passionnés qui tiennent leur métier et leur clientèle en haute estime et voient d’un sale oeil les barbobos-marketés qui surfent sur la crème à raser de niche made-in-Brooklyn avec les pieds. En tête, bien coiffée, Sébastien Paucod en son atelier Gentlemen montmartrois cosy-masculin récemment déménagé du bas de la rue Caulaincourt pour les hauteurs de la Butte et qui a le très bon goût d’être aussi ouvert le lundi ! Coupe, taille, rasage, dessin, produits, soins, conseils, conversation, espresso-bar : un sans faute absolu. Plus loin, vers Nation, le Barber Shop du boulevard Voltaire affiche complet, à raison. Et pratique des prix aiguisés sans galvauder son coup d’oeil, de main et de ciseau sur les scalps et les belles barbes de dandys. Oui, les cheveux aussi : en France, un barbier est forcément coiffeur, un coiffeur n’est pas forcément un barbier. Cela s’appelle couper les cheveux en quatre mais c’est ainsi.
En Italie, patrie absolue des barbiers pas forcément tournedos Rossini, la profession refait florès. Les plus anciens comme Peppino à Rome, tiennent de véritables salons politico-mondains parfumés à l’amande. Les plus jeunes comme Francesco Cirignotta à Milan, barbier et fils de barbier, seul maître à bord d’un salon-club avec honesty bar, douche, cirage de souliers et bar à colognes, forment les plus jeunes encore. Ainsi que ceux qui opèrent depuis quelques mois chez Romano Brida, dont le Bullfrog a été autoproclamémodern electric barber : barbiers hipsters tatoués et gominés et décor rétro-milano-brooklynant ouvert en arrière-cour en pleine Isola, le quartier-fief des bikers.
Venu de chez Dolce & Gabbana dont le salon Barbiere mené par l’excellent Pietro Carbone est à marquer d’un poil blanc, le jeune barbier Gian-Antonio Pisterzi tient beau la luxueuse cabine de rasage Acqua di Parma. Une aubaine pure lavande : pour l’achat d’un produit de la Collezione Barbiere, la maison offre une séance de rasage et/ou de taille et dessin de barbe & moustache. Résultat : tip-top. On rase gratis. Une fois n’est pas coutume.
Le concierge masqué

Les adresses
Acqua di Parma : Via Gesù, 1. Milan. Tel : + 39 02 76023307 www.acquadiparma.it
Alain Maître-barbier : 8, rue Saint Claude. Paris 75003. Tel : 01 42 77 55 80www.maitrebarbier.com
Atelier Gentlemen : 35, rue Lamarck. Paris 75018. Tel : 01 42 52 54 79www.lateliergentlemen.com
Barber Shop : 185, boulevard Voltaire. Paris 75011. Tel : 01 43 71 48 96
Bullfrog : Via Thaon de Revel. Milan Tel : +39 02 36 531983 www.bullfrogmilano.com
Dolce & Gabbana Barbiere : corso Venezia, 13. Tel : + 39 02 76408881 barbiere@dolcegabbana.it
Francesco Cirignotta : Via Gabriele d’Annunzio, 25. Milan Tél : +39 02 83 57 406 www.cirignotta.net

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